Alma, un récit comme une lame
Le pôle web d'ARTE vient de mettre en ligne son dernier projet de documentaire : "Alma, une enfant de la violence", réalisé par Miquel Dewever-Plana et Isabelle Fougère. Un projet multiple quadrillant une réalité qui l'est aussi. Celle d'un pays, le Guatemala, rongé par la pauvreté et la violence qui en découle.
Au centre : Alma. Entrée à 15 ans dans l'un des gangs les plus violents du pays, elle livre son témoignage face caméra. Sans décor, sans autre filtre que l'émotion de son vécu et celui du recul qu'elle cherche aujourd'hui, alors qu'elle a quitté ce "mara", mettant en péril sa survie.
Le récit est dur, direct, linéaire, comme un fil tendu, une lame sur laquelle on tente de la suivre malgré les entailles, parfois profondes. L'interface, pensée par les routards numériques d'Upian, laisse toute sa place au récit et le fait vivre grâce à une simple et évidente sur-couche visuelle que l'on convoque d'un mouvement de souris.
Ce "second écran", qui vient recouvrir le visage d'Alma, mais pas ses mots, présente un montage de séquences dans les ruelles de Guatemala City, de photos de Miquel Dewever-Plana et d'illustrations de Hugues Micol. Des images qui se mêlent à la parole d'Alma. Lorsque nous allons les chercher, parfois pour tenter de fuir son regard et tout ce qu'il raconte, nous plongeons alors plus profond dans son histoire.
Le travail documentaire ne s'arrête pas là. Quatre modules sont également proposés pour mieux comprendre la réalité de ce pays. Du bout du clavier, on parcourt ainsi le travail photographique de Miquel Dewever-Plana mêlé d'illustrations, accompagné de données chiffrées et contextuelles et l'on recompose ainsi le puzzle d'un pays déchiré.